Un chiffre interpellant :
30% des projets n’atteignent pas leurs objectifs.
Mais que dire des 70% restants ? Peuvent-ils tous être considérés comme des succès ? La réponse n’est pas si évidente. La gestion de projet repose souvent sur des indicateurs simples : le respect du planning, du budget et du périmètre. Pourtant, ces critères ne suffisent pas toujours à garantir qu’un projet répond réellement aux besoins pour lesquels il a été initié.
Cela donne à réfléchir sur ce qu’est réellement la réussite d’un projet. C’est ce que l’on vois dans cet article. Nous verrons pourquoi la réussite d’un projet est une notion bien plus subjective qu’il n’y paraît et comment une approche basée sur la valeur peut nous aider à mieux l’évaluer.
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La réussite d’un projet : une notion subjective
Définir ce qu’est un projet réussi semble simple au premier abord. Pourtant, cette notion est bien plus complexe qu’elle n’y paraît. Elle varie selon les points de vue et les attentes des différentes parties prenantes. Ce qui peut être perçu comme un succès pour un chef de projet peut être vu comme un échec par un client ou un utilisateur final.
Chaque projet est soumis à des contraintes et des attentes diverses, influençant ainsi son évaluation. Il est donc difficile de définir des critères précis sur ce qu’est un projet réussit et d’adopter une approche plus globale et nuancée.
Le critère le plus répandu : le respect du planning, du budget et du périmètre
La définition la plus courante de la réussite repose sur le respect du fameux « triangle d’or » : périmètre, budget, délais. Selon cette approche, un projet est réussi s’il est livré dans les délais impartis, en respectant le budget alloué et en produisant ce qui était prévu au départ.
Toutefois, cette vision est incomplète. Elle ne prend pas en compte l’adéquation entre le projet réalisé et les besoins réels des parties prenantes. Un projet peut parfaitement respecter ces trois critères tout en étant inutilisable ou inadapté à son objectif initial.
Dans de nombreuses organisations, le chef de projet est perçu comme un simple gestionnaire, garant du respect des délais et du budget, sans s’interroger sur la pertinence des livrables. Pourtant, une démarche proactive consistant à remettre en question les besoins et à ajuster le projet en conséquence peut s’avérer déterminante pour sa véritable réussite.
Dépasser la contrainte du triangle d’or
Pour réellement évaluer le succès d’un projet, il faut aller au-delà des aspects purement financiers et organisationnels. Ce qui compte, c’est l’impact du projet sur le long terme.
Un projet livré avec quelques semaines de retard ou avec un léger dépassement budgétaire peut être perçu comme un échec à court terme. Pourtant, si ses résultats sont bénéfiques et bien accueillis par les utilisateurs finaux, il sera considéré comme un succès sur la durée.
L’exemple de l’Opéra de Sydney illustre parfaitement ce point. Avec un budget initial de 3 millions de dollars australiens et un coût final dépassant les 100 millions, ce projet aurait pu être qualifié d’échec. Pourtant, aujourd’hui, il est l’un des monuments emblématiques de la ville et un moteur économique et culturel majeur.
Il est donc essentiel de hiérarchiser les priorités dès le début du projet :
- Un projet doit-il être livré impérativement à une date donnée, quitte à sacrifier certains aspects de qualité ?
- Doit-on privilégier l’excellence et l’innovation, même si cela entraîne des retards ou des coûts supplémentaires ?
- Quels sont les critères les plus importants aux yeux des parties prenantes ?
La définition du succès doit être établie en amont, et acceptée par tous.
Une autre vision de la réussite d’un projet
La réussite par la valeur apportée
Une approche alternative consiste à considérer qu’un projet est réussi s’il apporte de la valeur aux parties prenantes.
Mais qu’entend-on par « valeur » ? Il ne s’agit pas uniquement d’une rentabilité financière. La valeur peut être définie comme l’équilibre entre le bénéfice apporté et les efforts nécessaires pour l’obtenir. Elle englobe des dimensions variées : satisfaction des utilisateurs, impact à long terme, gains en efficacité, innovation, etc.
Dans cette optique, un projet peut être jugé réussi même s’il a dépassé son budget ou son planning initial, à condition qu’il ait eu un impact positif tangible.
La réussite par l’atteinte des objectifs globaux
Une autre manière de voir la réussite consiste à analyser l’ensemble des objectifs du projet. Au-delà des livrables, le projet doit répondre aux véritables besoins qu’il était censé combler.
Si l’on prend l’exemple d’un logiciel développé pour améliorer la productivité d’une entreprise, son succès ne devrait pas être mesuré uniquement en fonction du respect du cahier des charges, mais bien selon l’efficacité réelle qu’il apporte aux utilisateurs.
Ainsi, le succès d’un projet peut être redéfini par sa capacité à répondre pleinement aux attentes et aux défis rencontrés.
La nouvelle définition du PMI
Cette vision plus large de la réussite est d’ailleurs partagée par le Project Management Institute (PMI), qui définit désormais le succès d’un projet comme « la production d’une valeur qui justifie les efforts et les ressources, telles que perçus par les principales parties prenantes ».
Cette approche prend en compte l’ensemble des aspects du projet et met en avant l’importance de l’impact perçu.
Conclusion : une définition adaptée à chaque projet
En définitive, la réussite d’un projet ne peut pas être réduite au simple respect des délais, du budget et du périmètre. Chaque projet est unique, et sa réussite doit être analysée en fonction de ses objectifs globaux et de l’impact qu’il génère.
Adopter une vision élargie de la réussite, centrée sur la valeur et l’adéquation aux besoins, permet aux chefs de projet de mieux anticiper les attentes et d’orienter leurs efforts vers des résultats réellement bénéfiques.
La question essentielle à se poser est donc : dans cinq ans, que retiendra-t-on de ce projet ?
Si la réponse est positive, alors oui, le projet sera une réussite.
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